An Interview with Rob Couteau

          

 


"Portrait Robert Couteau. Un americain a Paris."

Published in: Netsurf. Le magazine Internet. May 1998.
(Pressimage: Montreuil, France)




Portrait ROBERT COUTEAU


Un Americain a Paris


Dans un petit appartement aux murs
tapisses de tableaux — exclusivement des
portraits feminins — Robert explore le
monde de sa fenetre electronique : l'lnfernet.


Loge dans un studio-atelier
exigu et sombre, ou flottent
des effluves d' essence de tere-
benthine et de peintures, le visage
fin aux poses romantiques, chausse
d'une paire de petites lunettes
rondes, Robert Couteau porte un
nom francais mais vient de New
York. Peintre, ecrivain et profes-
seur d'anglais, il s'est installe a Paris
il y a neuf ans, avec, dans la tete,
des reves nostalgiques de boheme.
Mais depuis six mois, sans quitter
son antre, Robert accomplit un
autre voyage : tous les jours, par-
fois pendant plus de six heures, il
est sur Internet. Et depuis, Robert
vit une boheme d'un nouveau
genre :« Tous les matins, je sirote
mon cafe en decouvrant mes
nouveaux messages, je lis mes
journaux sur le web, je discute
pendant des heures sur des forums,
je me balade sur les sites d' art...
Je ne peux plus m'en passer ».


City of lights

Trois mois de navigation bouli-
mique diurne ou nocturne, et
Robert est devenu un « accro » du
Net. Plonge dans la lueur bleue
de son ecran, il a decouvert sa « City
of lights », foisonnante de vie, de
savoirs, d'echanges, animee par
une communaute dans laquelle,
lui, l'artiste en exil, se retrouve :
« Tout le monde est un expatrie
dans le cyber. C'est la terre de
l'entre-deux, ou chacun demande
a l'autre : " Ou es-tu ? Ou as-tu ete ?
Ou vas-tu ? ", pour paraphraser le
tableau de Gauguin », explique-t-il.
Sur cette terre d'accueil, Robert
finit par se choisir un coin ou
construire son propre site, une gale-
rie ou afficher ses peintures, ses
dessins realises sur ordinateur, ses
ecrits. Une epreuve initiatique pour
ce nouveau venu du Web car, a
quarante ans, Robert n'est pas de
ceux qui ont grandi une souris au
bout des doigts. Hebergees gra-
tuitement et construites grace a un
editeur HTML en ligne, ses pre-
mieres pages lui demander ont plus
de quinze heures de travail : « Je
ne savais pas qu'il fallait rechar-
ger une page pour en voir les modi-
fications ! ».



« Aussi intenses que soient les relations et les conversations que
l'on a sur le Net, l'autre reste toujours invisible, comme un fantome, »

resume Robert Couteau.



Et un matin, dans sa liste de mails
s'affiche ce sujet: « Old friend? ».
« Quand j'ai vu son nom dans la
liste des messages, ca m'a fait un
choc... », raconte Robert, encore
etonne. Kimberly, une ancienne
petite amie avait trouve son adresse
electronique sur fourl1.com : « Es-
tu bien le Robert Couteau que j'ai
rencontre vingt ans plus tot dans
ce campus de l'Etat de NewYork? »
Reponse de Robert : « Waouw, I
can't believe it ! » Oui, c'etait bien
lui... Messages apres messages,
heures apres heures a discuter sur
le forum ICQ, Robert et Kimberly
se retrouvaient et se decouvraient,
reconstruisant l'histoire commune
de leurs vingt ans et devoilant celle
des annees passees depuis. Un
echange inedit, enthousiaste et par-
fois complexe : « Une ou deux fois,
nous avons du nous appeler au
telephone: il fallait qu 'on se parle
de vive-voix ». Robert poursuit :
« Aussi intenses que soient les
relations et les conversations que
l'on a sur le Net, l'autre reste tou-
jours invisible, comme un fantome.
Quelque chose finit par manquer ».
Une nuit, une fois son ordinateur
eteint, une fois le fantome de
Kimberly disparu, Robert a pris
ses pinceaux. Il a choisi une
grande toile, et, dans les tons gris,
il a peint son personnage en train
de peindre Kimberly. Une autre
facon de combler le manque.


-- Alice Gaillard: Digipresse

 

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